lors de l’établissement de la centralisation administrative. Les deux premiers titres du Code civil ayant été rejetés, Bonaparte — qui avait déjà pris prétexte de l’attentat perpétué contre lui le 24 décembre 1800 pour proscrire 130 républicains et se faire attribuer le droit de créer des tribunaux « spéciaux » dans les départements où il le jugerait utile — saisit l’occasion d’« épurer » le Tribunat et le Corps législatif. Cette mesure illégale aplanit les voies vers le consulat à vie que désirait Bonaparte. Cependant, invité à se prononcer dans ce sens, le Sénat eut le courage de s’y refuser. Le Conseil d’État, plus docile, passa outre et, par une nouvelle illégalité, le peuple fut convié à un plébiscite sur cette si grave question. Il y répondit par 3.568.885 votes favorables, contre 8.374 ; les opposants, chose étrange, appartenaient principalement à l’armée. Mais les ouvriers, les commerçants, les rentiers se montraient éblouis et, depuis Marengo, leur croyance à la mission providentielle de Bonaparte s’était solidement enracinée.
Le 4 août 1802, une nouvelle constitution remplaça celle de l’an VIII. Le Premier Consul qui la rédigea s’attribua à lui-même le droit de désigner son successeur ; il enleva au Sénat toute possibilité d’indépendance et annula le Conseil d’État en créant un Conseil privé à sa dévotion. Ce Conseil préparerait les « sénatus-consultes organiques » à l’aide desquels les lois pourraient être aisément suppléées ou tournées.
Tout désormais s’acheminait vers l’empire ; la Légion d’honneur était créée ; il y avait une cour et « Madame Bonaparte » avait quatre dames d’honneur ; le 15 août, fête du Premier