La colère peut se définir : le désir de la vengeance ; elle naît aussi de l’amour : celui qui aime, ne peut rester impassible à la vue du mal qui menace le bien qu’il recherche.
La colère inspirée par l’amour d’un bien véritable, l’amour de Dieu, de la justice et de la vérité, est juste et louable. La raison la commande, parce que sa vengeance légitime tend à réparer ou à détruire un mal réel. Mais la colère inspirée par l’amour-propre, produit des résultats terribles et peut conduire aux plus grands crimes. Celui qui s’estime beaucoup lui-même, est disposé à la colère, parce qu’il croit aisément que les autres le méprisent ; les infirmes, ceux qui ont beaucoup de défauts naturels ou des souffrances habituelles, sont aussi plus sensibles aux moindres affronts. La colère aveugle celui qui s’y laisse emporter, et lui persuade qu’il va se consoler en affligeant les autres.
La haine est pire que la colère, en ce sens qu’elle désire le mal pour le mal, tandis que la colère ne le désire que pour se satisfaire, et qu’elle cesse avec la vengeance.
L’homme en colère ne peut plus raisonner, il devient furieux comme un tigre ; mais de sages réflexions sur l’origine de la colère nous apprendront les moyens de l’éviter et d’en prévenir les honteux excès.