augmente la crainte. S’il s’agit d’un mal sans fin, on doit en concevoir une crainte infinie.
La crainte raisonnable est louable. La crainte du péché est excellente. « La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse, » dit l’Esprit-Saint.
Ne rien craindre est moins vertu que vice, si cela provient de l’orgueil, de la stupidité ou de quelque autre défaut.
La crainte déraisonnable est celle qui provient d’un amour déraisonnable. Elle se trouve dans tous les péchés. L’avare craint de perdre son argent ; le voluptueux, de perdre ses plaisirs ; le paresseux, de perdre son repos. En retranchant le péché, on détruira ces motifs de crainte.
L’imagination est habile à présenter des sujets d’une crainte fort nuisible, d’une crainte qui empêche de travailler, de raisonner et de prendre conseil. Il importe de régler ces terreurs imaginaires, de les dominer et de les mépriser. La plupart de ces craintes se détruisent, moins par le raisonnement que par l’action, en faisant le contraire de ce qu’elles nous inspirent. Ainsi, quelqu’un s’est habitué à mentir, de peur de passer pour ignorant : qu’il consente une fois à avouer son ignorance, et il verra bientôt sa crainte se dissiper comme la fumée ; il ne lui restera que la honte d’avoir été si longtemps l’esclave de cette sotte passion.