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trinaires, où il eut pour professeur de rhétorique M. Dumouchel, que nous avons vu depuis à la tête de l’Académie de Paris. Le pressentiment de sa destiné le conduisit à la célèbre École de Montpellier, et là elle se révéla plus fortement encore. Il s’y livra spécialement à l’histoire naturelle et à la chimie : il trouva à Montpellier un oncle médecin renommé par ses succès dans l’art de guérir, qui devint son guide, et qui lui légua par la suite une fortune considérable. La thèse qu’il soutint en prenant le doctorat, sous le titre de Conspectus physiologicus de fontibus differentiarum relative ad scientias, en 1777, obtint un tel succès qu’elle a eu trois éditions, honneur dont les thèses jouissent bien rarement.

À Paris, où il vint ensuite se perfectionner à la fois dans tous les genres de connaissances, il suivit les cours de Sage, qui compta pour disciples à la Monnaie plusieurs des promoteurs de la grande révolution chimique, qui était digne d’y coopérer par son zèle pour les investigations, mais qui n’en a pas moins repoussé avec une obstination singulière les nouvelles nomenclatures.

Chaptal, tout en se dirigeant vers une spécialité déterminée, vrai moyen d’atteindre à des succès réels, fut bien éloigné de se renfermer cependant avec ces idées étroites et ces habitudes exclusives qui arrêtent les sciences et faussent souvent les idées : il goûtait les lettres, recherchait le commerce de nos écrivains les plus distingués, et en ornant son esprit apprenait à étendre ses vues, à exprimer les notions de la science dans un langage digne d’elle.