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riale, et ministre d’État directeur du commerce et des manufactures.

Bientôt notre pays fut attaqué par l’Europe avant d’avoir pu s’armer tout entier et recommencer les prodiges accomplis aux temps de Fleurus et d’Arcole ; il succomba sous les coups du grand nombre. Alors Chaptal rentra dans la vie privée avec tant d’autres hommes généreux qui s’étaient offerts au moment du péril, afin de soutenir la cause de la patrie. C’était la troisième fois, depuis 1804, qu’il descendait ainsi des plus hautes fonctions à la simple existence du citoyen, non pour se livrer à l’oisiveté d’un repos que semblaient commander d’immenses travaux, mais pour se délasser de ses fatigues inouïes dans le maniement des affaires, par les occupations douces et séduisantes qu’offrent les sciences appliquées au bien-être de l’espèce humaine.

Au sortir de son premier ministère, croyant avoir assez fait pour la prospérité de l’industrie purement manufacturière, il avait tourné ses regards vers une autre mamelle de l’État, vers l’agriculture, pour la féconder à son tour. Possesseur des magnifiques domaines de Chanteloup, il en fit à la fois sa retraite et ses délices. Ce n’était point comme son prédécesseur, le célèbre duc de Choiseul, pour y déployer un faste inerte, en y cachant ses regrets ; c’était pour y perfectionner les arts les plus utiles au peuple, et pour y répandre de touchans bienfaits.

La guerre maritime avait détourné les sources de notre commerce colonial, et l’opulence de ce com-