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Ministre des jours de gloire, Chaptal ne refusa point ses services quand vinrent les jours de malheurs et de revers ; envoyé, sous le titre de commissaire extraordinaire, dans l’importante division militaire dont Lyon est le centre, il employa tous ses moyens pour repousser, pour arrêter, pour retarder du moins les fléaux de l’invasion étrangère.

Rentré dans la vie privée après la chute de l’empire, la révolution des cent jours vint de nouveau l’arracher à ses études, qui lui donnaient les consolations du sage, au milieu des malheurs qu’aucun patriotisme ne pouvait plus conjurer.

Lorsqu’arriva cette révolution si courte et si terrible, Chaptal fut choisi par tous les colléges électoraux de la Seine pour exprimer en leur nom les vœux d’un million de Français. Alors il proclama dans le plus noble langage le besoin d’institutions mutuellement consenties entre le peuple et le prince ; il invoqua les souvenirs de l’histoire, et ce fut au nom des malheurs de Rome impériale qu’il attesta, pour l’empire français, la nécessité des libertés nationales.

À ce langage d’un vieil ami d’un ministre dévoué, qui douze mois auparavant était encore sénateur, Napoléon put juger qu’une année avait suffi pour produire dans les esprits une révolution profonde, et que les temps du pouvoir absolu avaient fini pour la France depuis l’abdication de 1814.

Le jour même où Chaptal s’exprimait avec cette indépendance, il fut nommé pair de la France impé-