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produire un monument à jamais honorable pour le génie national.

En arrivant au pouvoir, le ministre apprend qu’au sein de la France sont réfugiés les orphelins de Filangieri, proscrits par la cour de Naples, en haine de l’immortalité d’un père, émule de Montesquieu ; il propose à l’instant de les élever aux frais de l’État dans le Prytanée français ; et le premier consul sanctionne cette pensée toute française.

La révolution confondait, dans sa haine du passé, les actions serviles et les hauts faits patriotiques : bravant les préjugés, même républicains, le ministre restitue au peuple d’Orléans l’antique fête qui célébrait la délivrance de cette ville et l’expulsion des Anglais par la valeur de Jeanne d’Arc.

Le parlement d’Angleterre venait d’accorder 5,000 l. sterling au docteur Smith, inventeur d’un procédé pour désinfecter l’air des prisons et des hôpitaux ; Chaptal, dans un rapport aux consuls, revendique l’honneur national de cette découverte précieuse à l’humanité, en faveur d’un Français, Guyton de Morveau. C’était la première fois qu’un acte de cette nature paraissait avec une semblable solennité, pour conserver à la patrie une gloire pacifique et chère à la civilisation.

Tout ce qui touchait le bien de l’humanité avait droit aux soins compatissans de Chaptal. Au milieu des plus grands travaux, il soulageait d’illustres infortunés avec cette délicatesse qui ne semble le partage que des loisirs ingénieux de l’ame la plus bien-