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jours du péril de la France, dans les ateliers que vous avez créés pour la victoire, ah ! les perfectionnemens, les inventions, les applications nouvelles qu’enfanta alors votre talent patriotique compteront à jamais parmi vos illustres travaux : toujours le cœur des Français en gardera la mémoire.

Par les efforts de Chaptal, en peu de mois cette France, qui ne fabriquait de la poudre qu’avec des matières d’emprunt, et par des moyens aussi lents qu’imparfaits, eut fabriqué trente-cinq millions de poudre ou de salpêtre[1], c’est à dire assez pour lancer à l’ennemi, sous forme de projectiles, autant de fer que la France en produisait alors dans une année. La confection, la fonte, le forage et l’ajustage des armes et des projectiles marchaient de pair avec cette immense fabrication.

Voilà les miracles qu’a produits le génie des sciences appliquées aux arts, pour la liberté, le salut et l’immortalité de la patrie.

Que si les étrangers, oubliant ces grands souvenirs, voulaient tenter de nouveau ce que peut l’irruption des peuples esclaves pour écraser un seul peuple affranchi, ô patrie ! tu n’oublierais pas le dévouement des hommes consacrés à la science ! tu retrouverais encore les miracles de leur puissante activité pour suffire à l’apprêt des victoires qu’alors il faudrait remporter !

  1. Ces fabrications s’opéraient principalement dans les grands ateliers de Grenelle, dont Chaptal était directeur.