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de la révolution française comme l’aurore d’un beau jour long-temps désiré ; la gratitude et l’espérance se partagèrent ses idées sur l’avenir de la patrie. En même temps, il apprenait que les pays libres savent aussi rendre de dignes hommages aux talens supérieurs annoncés au loin par la renommée.

Déjà la célébrité de Chaptal ne s’arrêtait plus aux bornes de notre continent ; elle avait franchi l’Atlantique. Lorsque les États-Unis d’Amérique, ayant conquis leur indépendance et fondé sur des bases définitives leur immortelle confédération, purent s’occuper des arts paisibles qui font fleurir les États, en multipliant la richesse, en propageant le bien-être chez toutes les classes du peuple, Washington, sans doute inspiré par Franklin, écrivit trois fois à Chaptal, pour l’inviter à venir dans les États-Unis appliquer la plus féconde des sciences aux arts naissans du Nouveau-Monde affranchi.

« Comme président du congrès, écrivait Washington, je ne puis rien promettre au nom de la nation ; comme particulier, je puis vous assurer qu’elle se fera un devoir de reconnaître vos services. »

L’Espagne même, si peu favorable aux progrès de l’esprit humain, à la propagation des sciences positives, ne pouvait cependant fermer les yeux sur les succès éclatans des applications aux arts, succès obtenus pour ainsi dire aux portes de cet État. Le roi de cette contrée fit offrir au chimiste un premier don de 200,000 francs, et 36,000 francs de pension annuelle,