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Montpellier de vastes fabriques où, par des procédés nouveaux, il sut procurer à la France des produits qu’elle avait jusqu’alors tirés de l’étranger, et put obtenir, par une industrie savante, des combinaisons dont la nature avait jusqu’alors gardé le secret.

Recommandé par le double succès de la théorie et de la pratique, Chaptal devint en quelque sorte, au milieu de ses concitoyens, le dictateur des arts utiles. Les États du Languedoc, fiers à juste titre du talent supérieur qu’ils avaient su deviner et mettre à sa place, n’administraient plus l’agriculture, les fabriques et le commerce, que d’après les conseils de Chaptal. Dans une époque où la noblesse conférait à ses élus une prééminence et des priviléges sociaux trop souvent accordés à l’intrigue, à la faveur, on vit les députés des États demander, obtenir d’honorables titre pour le savant promoteur de l’industrie du Midi : titres flatteurs seulement en ce qu’ils étaient librement sollicités par les représentans d’un peuple, pour reconnaître et proclamer les services d’un citoyen que ses travaux ennoblissaient mieux que des parchemins.

Remarquons ce discernement, cet esprit d’équité, cette patriotique reconnaissance qui caractérisaient les actes d’une administration représentative : ils présageaient des bienfaits plus précieux encore pour l’époque, déjà voisine, où la France entière posséderait une représentation nationale, image agrandie de l’institution qui, depuis plusieurs siècles, avait produit et vivifié la prospérité du Languedoc. Aussi, Chaptal ne salua pas seulement les premières lueurs