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Bientôt s’ouvrit pour le professeur de Montpellier une carrière nouvelle sur un nouveau théâtre. La patrie réclama ses services ; la science devint, au milieu des dangers publics, l’auxiliaire de nos armées ; Chaptal, appelé dans la capitale par le comité de salut public, fut chargé de diriger les ateliers de Grenelle, pour la fabrication du salpêtre et de la poudre. Le salpêtre, qui, autrefois, était apporté de l’Inde par le commerce, mais qui ne pouvait plus nous arriver par cette dernière voie, fut fabriqué, en proportion des besoins, par les procédés les plus rapides ; il réussit à en livrer jusqu’à trente-cinq milliers par jour. Chaptal, peu après, dans un traité spécial, donna la théorie de cette fabrication. Il était associé, dans ces opérations de services publics, aux Berthollet, aux Monge, aux Guyton-Morveau, aux d’Arcet, aux Fourcroy, à tous ces illustres savans, qui, au milieu des commotions politiques, donnaient alors à la France de plus solides conquêtes et une gloire plus pure que celles qui sont acquises par les armes ; il s’associait à eux par les liens de l’affection comme par la communauté des travaux.

Avec eux aussi, avec l’élite de nos savans, il fut appelé, dès l’origine, à créer l’enseignement supérieur de l’École polytechnique où se trouvaient réunis plus de trois cents jeunes gens choisis dans toute la France, parmi lesquels on comptait soixante ingénieurs des ponts et chaussées. Il fut chargé de la chimie végétale. Plusieurs d’entre nous, Messieurs, s’honorent d’avoir suivi ses leçons. Sans avoir la brillante facilité, la fécondité élégante de Fourcroy, il captivait