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tats de son expérience ; il avait pris rang parmi les rénovateur de cette science. Le premier, il exposa au public l’ensemble du nouveau système des connaissances chimiques, d’après la révolution qu’elles venaient de subir, et la nomenclature qui en était l’expression. Cet ouvrage, tracé avec méthode, écrit avec clarté, précision, possédait le mérite littéraire qui convient à l’exposition de la science, en la faisant tout ensemble goûter et comprendre. Il s’en est répandu, à ce qu’on assure, plus de seize mille exemplaires. C’est ainsi que Chaptal se préparait, sans le savoir, à la destinée qui l’attendait et qu’il ne pouvait prévoir encore.

Quoique cette première portion de sa carrière se fût écoulée dans une ville de province, le succès de ses travaux avait déjà attiré sur lui l’estime de la France, il avait porté son nom bien au delà même de nos frontières ; l’étranger nous envia un savant dont les connaissances produisaient des trésors. L’Espagne, les États-Unis, Naples l’appelèrent tour à tour. L’Espagne et Naples lui offraient de brillans avantages ; les États-Unis lui adressaient une invitation séduisante, car c’était l’illustre Washington lui-même, qui, par des invitations pressantes et réitérées, conviait Chaptal ; mais le patriotisme de Chaptal se refusa à un émigration qui eut été une sorte de désertion, et qui eût dérobé à son pays ses talens et ses services. Alors, d’ailleurs, venait d’éclore la révolution de 1789, dont Chaptal, comme toutes les âmes généreuses et tous les esprits élevés, adopta les principes, partagea les espérances.