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plus intense sur les corps chargés d’électricité négative. Il y a là un fait nouveau très important.

En résumé, il émane de certains corps radioactifs quelque chose qui est capable de transporter au loin, d’extérioriser l’activité, et ce qui rend ce phénomène remarquable, c’est que rien d’analogue ne se produit dans aucun phénomène connu. Un tube de Crookes nous fournit des rayons déviables et non déviables très analogues à ceux émis par les corps radioactifs, mais on ne sait encore avec aucun appareil créer les phénomènes de radioactivité induite.

Recherches sur la charge électrique des rayons secondaires des rayons de Röntgen.

EN COLLABORATION AVEC M. G. SAGNAC.
(Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. CXXX, p. 1013. — Journal de Physique, 1901)

Les rayons secondaires découverts par M. Sagnac prennent naissance partout où les rayons de Röntgen rencontrent un corps matériel. Ce rayonnement secondaire, moins pénétrant que le rayonnement de Röntgen qui lui donne naissance, rappelle par ses propriétés le rayonnement spontané des corps radioactifs. Nous avons trouvé que l’analogie se poursuit assez loin et que les rayons secondaires transportent avec eux des charges négatives, pendant que les corps qui les émettent se chargent positivement. Une partie du rayonnement est donc formée de rayons analogues aux rayons cathodiques.

On ne peut constater dans l’air les faibles charges électriques transportées par les rayons secondaires, parce que l’air est rendu conducteur par les rayons qui le traversent. Pour constater le phénomène, nous avons opéré dans un vide très parfait : une lame de métal, située dans le vide et en relation électrique avec un électromètre, reçoit un faisceau de rayons de Röntgen ; le métal émet des rayons secondaires et se charge positivement pendant que les corps environnants se chargent négativement en absorbant les rayons. Le phénomène est intense lorsque le métal soumis à l’action des rayons de Röntgen possède un gros poids atomique.

Ainsi, lorsque les rayons cathodiques rencontrent un corps, celui-ci devient le siège d’une émission de rayons de Röntgen, et, réciproquement, quand les rayons de Röntgen rencontrent un corps matériel, ce corps émet un rayonnement en partie analogue à celui des rayons cathodiques.