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imaginée pour peindre exactement, chacune de ses leçons ; c’était, en effet, un discours suivi, quoique improvisé sur de courtes notes, dans lequel toutes les idées étaient déroulées dans l’ordre le plus parfait, sans l’ombre d’hésitation, sans la moindre redite, en employant toujours le terme le plus propre, sans recherche et sans jamais viser à produire d’autre effet que celui d’instruire. Mais les merveilles de l’organisation, si bien mises en évidence par le génie, donnaient à ses instructions un intérêt, excitaient souvent parmi ses nombreux auditeurs un enthousiasme, qui se ranime encore après plus de trente ans dans celui qui a eu le bonheur de les entendre, et qui voudrait, mais vainement, le faire partager à ceux qui en ont été privés.

Au Collége de France, l’interprète de la nature, tantôt en expliquait les lois dans un cours philosophique, qui comprenait les généralités les plus élevées de l’histoire naturelle proprement dite ; tantôt déroulait le tableau de la marche progressive de toutes les sciences physiques, depuis la naissance des sociétés jusqu’au temps actuel. C’est surtout dans ce dernier cours, que M. Cuvier se montre un génie universel, qui se plaît, dans ses méditations, à passer en revue toutes les connaissances humaines ; qui les analyse, les classe, remonte à leurs sources, les suit partout où elles se répandent, signale leurs progrès, juge avec une profonde sagacité ceux qui en sont les promoteurs, montre les routes où l’on s’égare, ne fait grâce à aucune erreur et consacre tous ses efforts, consume pour ainsi dire sa vie à dire et à faire aimer la vérité.

Sa dernière leçon, prononcée le Mardi 8 Mai de cette année, avait quelque chose de solennel et de mélanco-