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pouvoir proférer une parole, puis il leva les yeux au ciel, et dit : « Maintenant, je puis mourir. »

Cette scène avait profondément ému les passagers du Mongibello, et, lorsque quelques-uns d’entre eux rencontrèrent, huit jours après, dans les rues de Rome un convoi conduit par l’ambassadeur de France, escorté par toutes les autorités françaises de la ville, et se dirigeant lentement, en plein jour[1], vers l’église de Sainte-Marie-du-Peuple[2], ils ne pouvaient pas croire que ce convoi fût celui de leur vénérable compagnon de voyage, de ce vieillard qui, n’écoutant que les inspirations de son cœur, avait bravé la maladie, les rigueurs de la saison et la fatigue d’un long voyage, pour venir embrasser ce fils qu’il craignait tant de ne pas revoir.

Dieu lui a accordé cette immense consolation, mais ses forces étaient épuisées, il n’avait pas compté avec elles. La crainte d’être privé du dernier bonheur qu’il voulait goûter en ce monde, l’émotion qu’il éprouva

  1. Contrairement aux usages romains, l’enterrement eut lieu en plein jour, et avec le même cérémonial qu’en France. M. le comte de Rayneval a voulu que la dépouille mortelle de l’homme distingué qui venait de terminer sa longue et belle carrière à Rome, y reçût les honneurs qui lui auraient été rendus dans son pays. Sa famille lui en sera éternellement reconnaissante.
  2. Les restes mortels de M. de Thury, qui, d’après sa volonté expresse, ont été laissés à Rome, reposent aujourd’hui dans l’église Saint-Louis, à côté du monument élevé à la mémoire des Français tués pendant le siège.