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lui-même et qu’il cachait avec soin à tous ceux qui le chérissaient, parce qu’il craignait que l’on eût l’idée de l’empêcher d’aller rejoindre ce fils dont il venait d’avoir la douleur de se séparer pour la première fois. De ce moment il ne vécut plus que pour le jour du départ, qui eut lieu le 30 décembre 1853. Ses parents, ses amis, le virent partir avec la plus douloureuse anxiété. Il était impossible de se défendre des plus tristes pressentiments. Le temps était affreux, une neige épaisse couvrait la terre depuis près de quinze jours, et, pour comble de malheur, la traversée de Marseille à Civita fut des plus pénibles. Il supporta ses souffrances propres, aussi bien que celles que venait y ajouter la rigueur de la saison, avec une douceur et une résignation qui furent admirées par tous ceux qui en furent témoins. L’espérance le soutenait et lui donnait la force de commander au mal.

Enfin, après quatre-vingt-quatre heures d’une traversée qui n’en dure que trente ordinairement, le bâtiment entre dans le port de Civita. Il aperçoit sur le quai son fils qui était venu de Rome au-devant de lui, et qui depuis trois jours était dans la plus grande inquiétude sur le sort de sa famille. Ses deux fils aînés, qui l’avaient accompagné avec leur mère, le soutinrent pour aller jusqu’à cet enfant chéri qu’il serra pendant quelques instants contre son cœur sans