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Non, les Chrétiens ne prétendaient point honorer leurs morts, en venant festoyer et se réjouir près de leurs sépulcres ; ils y venaient pour prier et méditer, selon la parole de Saint Paulin de Nole[1] ; car le culte des saints était pour eux l’un de leurs devoirs les plus chers et les plus sacrés.

On pourra peut-être nous opposer l’ancienne coutume des agapes[2] qui s’observait aux funérailles des morts et aux natalibus des martyrs, et nous crier avec le manichéen Fauste : « Vous imitez les sacrifices des gentils avec vos agapes ; … vous pensez soulager les ombres de vos morts avec du vin et des festins »[3]. Mais par la bouche de Saint Augustin nous répondrons : « Avec nos agapes, nous nourrissons les pauvres »[4]. Les Chrétiens, en effet, sans répudier entièrement la coutume antique et générale des banquets funéraires, l’avaient changée en un acte de charité fraternelle envers les veuves et les pauvres, pensant attirer par là d’utiles suffrages et rendre un honneur sincère aux âmes de leurs défunts. Cette belle coutume se retrouve encore parmi nous dans ces distributions d’aumônes, qui se pratiquent aux obsèques dans les riches familles.

Il est vrai que les agapes dégénérèrent en misérables abus vers la fin du quatrième siècle, aux

  1. Epist. XXXII (alias XII), 12.
  2. Ἀγάπη, veut dire charité.
  3. Aug. Contra Faustum, XX, 4, 20.
  4. Aug. ibid.