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LE JOUR DES MORTS



Le petit cimetière, en bas de la colline,
Dresse ses blanches croix au soleil du matin ;
Le ciel est sans nuage ; une brise câline
Apporte des parfums de lavande et de thym.

Une paix solennelle et que rien n’a troublée
Plane sur les champs bruns pointillés de blé clair ;
Et, par fins tourbillons de fumée ondulée,
Les herbes, en brûlant, s’évaporent dans l’air.

C’est la Fête des Morts. En ce pays de joie,
De clarté, de caresse et d’éblouissement,
Il semble que la Mort, lorsque Dieu nous l’envoie,
Doit causer moins d’horreur et d’épouvantement.

Elle doit apparaître, à l’heure désignée,
Non sous le masque affreux dont Holbein l’affubla,
Squelette au nez camard, à mine renfrognée,
Qui saute au cou de l’homme en hurlant : « Halte-là ! »