Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE RAPIDE



En son cahotement de colossal joujou
Laissant derrière lui sa blanche chevelure,
Brusquement, le Rapide arrive, à pleine allure,
Et sort du noir tunnel comme un serpent d’un trou.

C’est, pendant un instant, le halètement fou
De la bête d’airain à la large encolure ;
Une sensation de heurt et de brûlure…
Puis tout cesse, et le train s’enfuit on ne sait où.

Ainsi passe la vie. Inquiète, agitée,
Vers un but invisible elle glisse, emportée
Par l’ambition vaine, au souci décevant ;

Tout à coup la mort vient, implacable et funeste…
Et de tout cet effort inutile, il ne reste
Qu’un lambeau de fumée entraîné par le vent.