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Saint-Saëns et Massenet, ses contemporains ou à peu près, il forme, à l’Institut, une belle trinité musicale, bien française, ne devant rien qu’à la culture française. À la grâce logique et à la grâce athénienne de l’auteur de Samson et Dalila, à la tendresse passionnée du musicien de Manon, il a ajouté son sens de la couleur et du pittoresque. Son œuvre est avant tout une œuvre de vie et de lumière, car c’est bien la lumière qu’il chanta toujours, soit sur les tambourins de l’Espagne, soit dans le crissement des cigales de Provence…

Avec un sourire qui en dit long, il songe souvent au passé, à ses débuts si difficiles, à cette Carmen si contestée, aujourd’hui universellement jouée, admirée, acclamée… Aussi, accrue encore par l’expérience, sa bienveillance est-elle infinie pour les Jeunes, qu’il aime et qu’il aide toujours comme des frères, non comme des confrères.

Ce soir, il est à l’Opéra-Comique. Il a voulu entendre Louise, de Charpentier, dont il ne connaissait encore que la partition. Il écoute,