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des « Untel », on pourrait inscrire : « Ici on dit du mal de son prochain… »

À cette époque de l’année, les « Untel » habitent leur maison de campagne, près de Paris. C’est dans le jardin qu’ils reçoivent. Tous les jours, à cinq heures, on sert le thé… et les calomnies. On se tient au bout d’une pelouse, sous une charmille, non loin d’un petit bois où gazouillent les oiseaux. L’heure est douce. Il fait bon. De suaves brises d’été passent sur les rosiers et apportent des parfums sucrés. Cadre exquis pour la bienveillance… Que nenni ! Les langues se délient, vont, vont… On habille celui-ci, on déshabille celle-là… On accueille comme certains les plus invraisemblables racontars… Un nouveau visiteur arrive… Trêve de quelques minutes. On parle de choses vagues. On ne dit plus de mal de personne. Que voulez-vous ?… La conversation tombe, c’est forcé. Mais madame « Untel » veille. D’une voix pointue et indifférente, elle lance un nouveau potin méchant… Aussitôt toutes les têtes penchées se redressent, se tournent de son côté,