Page:Normand - Pensées de toutes les couleurs, Calmann-Lévy.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À Saint-Nazaire, sur le quai des Transatlantiques, un grand paquebot, l’Espagne, va partir pour le Mexique. Le soir tombe. Fraîcheur d’octobre. Foule sombre, silencieuse, misérable — du Tolstoï ou du Zola. Parmi ces gens, un jeune couple. Lui, large, râblé, solide, petite moustache, cou nu, casquette à visière presque sur la nuque. Vêtement bleu. Cigarette éteinte à la bouche. Un mécanicien du paquebot en partance, sans doute. Elle, mince, fine, très blonde. Quelque ouvrière. Un petit voile blanc encapuchonne la tête. Gros manteau de drap gris bien propre, tout neuf, mais mal fait, mal cousu — par elle probablement. Femme ou bonne amie ? En tout cas, aimant le gros gars tendrement, gentiment, et désolée de le voir partir. Ils se tiennent par le bras, de très près, sans se parler…

Pour annoncer le départ, le bateau, réglementairement, doit lancer trois coups de sif-