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Ils ne livrent pas la rude bataille
Que la vie impose à chacun de nous ;
Ils ont des désirs moins grands que leur taille,
Et leur taille à peine atteint nos genoux !

Calmes et joufflus sous leurs broderies,
Ils n’ont ni chagrins, ni deuils, ni tracas :
Ils soupent d’azur, — et leurs bergeries
Ont des blancs moutons… qu’on ne mange pas.

Il ne leur faut point, contre les névroses,
Le grand air de mer ou des pics alpins,
Ni le lait fumant que les vaches roses
Traînent en leurs flancs sous les verts sapins ;

Pour tout horizon, pour toute nature,
Ils ont leur boutique aux rayons poudreux,
Des fleurs en papier, des ciels en peinture…
Mais que leur importe ?… — Ils sont amoureux !