Page:Normand - Les Moineaux francs.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On va, tout en songeant, par le jardin tranquille ;
On retrouve un par un, tels qu’on les a laissés,
Les marronniers touffus, les sapins élancés,
Et le rond de verdure, et l’épaisse charmille,
Ces mille coins enfin où toute une famille,
Petits-enfants, enfants, grands-papas inclinés
Ont vécu tour à tour et se sont promenés.
Tout un passé revit dans ces fraîches allées ;
Les souvenirs lointains s’échappent par volées
Du moindre des massifs qu’on côtoie en rêvant…,
Et des parfums connus vous viennent dans le vent.

Le temps fraîchit. Le ciel se voile de nuages.
Rentrons dans le salon dont l’étoffe à ramages,
Malgré le double assaut des hommes et du temps,
A gardé la fraîcheur de ses tons éclatants.
Les meubles, recouverts de leur même tenture,
Dans les mêmes recoins ont la même posture ;
Avec le même pli languissant et coquet,
Les grands rideaux fanés caressent le parquet ;