Page:Normand - Les Moineaux francs.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ombre étrange, profil fantastique et troublant,
Fouillis enchevêtré qui monte en s’effilant,
Formidable chaos d’escaliers, de tourelles,
De masses de granit se chevauchant entre elles,
Qu’un art vertigineux dans les airs suspendit…
Et plus le soleil baisse, et plus l’ombre grandit.

Sans doute, aux temps lointains de notre vieille histoire,
À cette heure où le ciel resplendit dans sa gloire
Et se teinte des feux orangés du couchant,
Quelque moine rêveur et pâle, se penchant
Au bord d’une fenêtre étroite, dans le lierre,
Regarda comme moi cette ombre singulière
Et, d’un œil fatigué par les doctes écrits,
Suivit ce grand profil, noir sur le sable gris.
Sans doute, en son cerveau d’homme du moyen âge,
Se gravait nettement une identique image,
Avec ces lourdes tours, ces clochers fuselés,
Et l’église, au milieu des remparts crénelés.