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Immobiles points blancs se détachant des côtes,
Les barques de pêcheurs, là-bas, semblent très hautes
Au-dessus de la grève où le soleil descend.
Pas un souffle. Partout le silence s’étend,
Troublé par le seul cri tournoyant et vorace
Des goëlands menant leur éternelle chasse.
Des flaques d’eau jusqu’à l’horizon s’espaçant
Luisent, sous le grand ciel, comme des yeux de sang.
Trois ou quatre marins, pieds nus, bonnets de laine,
Filets au dos, s’en vont au roc de Tombelaine ;
Ils s’éloignent, de plus en plus rapetissés,
Et, derrière eux, leurs pas voisins restent tracés.
Partout monotonie, uniformité plate.
Seul le vieux Mont, frappé d’un rayon écarlate,
Noble géant de pierre au front déchiqueté,
Sort du sable et se dresse en pleine majesté.

Loin, bien loin, sur la plage à chaque instant plus sombre,
S’étend son fier profil et s’allonge son ombre,