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Et l’histoire reprend, naïve et monotone,
Leur même histoire à tous sur la côte bretonne,
Les départs, les retours, le service à l’État,
Dur métier, où l’on doit trimer plus qu’un forçat,
Mais qu’on aime bientôt et dont on se fait gloire ;
Puis le premier combat, la première victoire
Dans des pays très chauds, sur des hommes tout nus
Aux fantastiques noms, à peine retenus…
On était canonnier alors… Comme personne
On savait envoyer un boulet dans la tonne,
Et, malgré le gros temps, en habile pointeur,
Offrir au commandant un beau coup d’amateur.

Puis, les galons venus, voici le quartier-maître
Que les femmes de Brest lorgnent de leur fenêtre ;
Les longues nuits de quart sur la frégate en bois…
Car Arsène est un vieux, un marin d’autrefois.
Les engins compliqués de la nouvelle guerre,
Torpilles, cuirassés, ne le séduisent guère ;