Page:Normand - Les Moineaux francs.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un an de « Passez donc, Madame, s’il vous plaît ! »
Je l’aimais d’un amour profond, ardent, complet !
Mais, malgré mes regards pleins de tendresse folle,
Elle passait, glacée, et sans une parole,
Les yeux toujours baissés dans un chaste embarras,
Son rouleau de musique enchâssé sous le bras…
Car — j’oubliais le point important de l’histoire ! —
Elle suivait des cours pour le Conservatoire,
Cet établissement à bon droit réputé
Pour grandir le talent et former la beauté !
Mais, hélas ! la nature, envers elle barbare,
Lui donnait une voix d’une fausseté rare.
Ida, — c’était le nom de l’objet de mes vœux, —
Du matin jusqu’au soir secouant ses cheveux
Dans un affolement de gammes régulières,
Rivée au piano des heures tout entières,
S’efforçait d’obtenir, soit en haut, soit en bas,
Une note possible… et ne l’obtenait pas.

(On entend un coup de sifflet.)