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Soudain derrière nous éclate une fanfare.
Les fifres aux tambours mêlant leur son bizarre
Annoncent trop, hélas ! quels sont ceux qui là-bas
À cent mètres au plus, en rangs serrés, au pas,
Gagnant le pauvre bourg pour l’occuper sans doute
Surgissent, troupeau noir, au détour de la route.
Sur les casques polis du sombre bataillon
Le soleil presque mort jette un rouge rayon
Qui met du sang au bout de chaque baïonnette ;
Des uhlans éclaireurs caracolent en tête…
Voici les officiers et voici les soldats.
Ils s’en vont pesamment, fatigués, le front bas,
Silencieux, couverts de leurs longues capotes,
Aux cailloux du chemin heurtant leurs lourdes bottes,
Et, las d’avoir marché peut-être tout le jour,
Perdant à chaque pas le rythme du tambour.

Sans trop nous regarder les premiers rangs passèrent.
Mais vers ceux du milieu, des soldats commencèrent