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Se soulève et retombe en poussant un soupir…
Puis rien : c’est un blessé qui meurt ou va mourir.



» Maintenant que j’en suis à conter mon histoire,
J’ai ce triste tableau présent à la mémoire ;
J’en revois les détails un par un ; mais, morbleu !
Lorsque j’étais là-bas, je m’en occupais peu,
J’étais anéanti : mon cheval, pauvre bête !
Frappé mortellement d’une balle à la tête,
Sur mon genou brisé pesait de tout son poids.
Je n’avais plus d’espoir : sans mouvement, sans voix,
— Car le sang s’échappait de ma gorge entr’ouverte, —
Je compris que j’étais à deux doigts de ma perte…
Que n’aurais-je donné pour une goutte d’eau !
Le combat, voyez-vous, c’est grand, c’est fier, c’est beau !
Quand on lutte en plein jour, pendant une bataille,
On se rit du danger, on nargue la mitraille,
On voit la mort en face et l’on n’en a pas peur ;