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Meurtri, déchiqueté… D’un élan preste et vif
Le jeune homme a bondi, méprisant la mitraille,
Prend un couteau dans sa musette, coupe, taille
Deux branches fines, les met en croix, et, joyeux,
Retourne au lieutenant qui l'a suivi des yeux,
Tend ses doigts pâles vers la croix, la saisit presque…
Mais un obus arrive, infernal, gigantesque,
Écrase le rabbin s’écriant : « La voici ! »
Et l’officier mourant qui murmurait : « Merci ! »
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Ô Dieu, Dieu de justice et de bonté féconde,
Nous devons ignorer ta volonté profonde…
Mais j’ai la foi robuste, ô mon Dieu, qu’au moment
De cette mort sublime et de ce dévouement,
S’allongeant sur ce monde inquiet où nous sommes,
Ta main, d’un même geste, a béni ces deux hommes !