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» Mais j’y pens’ pas souvent… pour ainsi dir’, jamais !
— Pourtant, si tu devais mourir de ta blessure ?…
— Oh ! j’demand’rais un prêtre aussitôt… Ça, j’te l’jure !
» J’voudrais pas ficher l’camp comme un chien, salement…
— Si tu n’as pas de prêtre à ton dernier moment ?
— Quand on est le bon Dieu, que diable ! l’on pardonne…
— Oui… Mais il ne faut être impoli pour personne,
» Et, quand on a besoin du bon Dieu pour appui,
» Sans attendre qu’il vienne, il faut aller à lui !
— C’est juste, au fond, tout ça… Tu parles comme un livre…
— Non !… mais comme un chrétien qui va cesser de vivre
» Et qui, te voyant bon, — c’est là l’essentiel, —
» Voudrait te ramener sur la route du Ciel !
— J’m’y plairais ben au Ciel… mais le plus tard possible…
» J’ai ma femm’… ma p’tit’gosse… On a le cœur sensible…
» Pourtant, le jour venu, j’s’rais tout à fait content
» D’t’y r’trouver… Car, pour sûr, t’es un type épatant…
» J’ai compris tout de suit’ que t’étais de la haute,
» Mais brav’ garçon tout plein… Vois-tu, c’est pas not’faute,
» Mais on se connaît mal à Paris… comme ailleurs !