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Aux tranquilles moments d’une époque passée,
Moments sans prix jadis, tant pleurés aujourd’hui…
Tout à coup sur ma droite un vif éclair a lui.
Dix secondes après, retentissant, sauvage,
Le son arrive à moi ; puis, traçant son sillage
Avec un bruit semblable au râle prolongé
Du fer rouge dans l’eau subitement plongé,
L’obus part, tombe, éclate, et puis rien… Le silence
De nouveau sur les champs plane lugubre, immense ;
Rien n’a changé ; la lune au profil chagriné
Semble toujours glisser dans le ciel moutonné,
Argentant les champs noirs semés de maisons blanches ;
Un vent capricieux vient agiter les branches ;
Et peut-être à l’instant, frappés dans leur sommeil,
Quelques hommes demain n’auront pas de réveil !…



Ô toi, dont le rayon vaporeux me caresse,
Toi dont le doux mystère est comme une promesse,