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Oh ! qu’il est doux alors de laisser la pensée

S’envoler au hasard de son aile lassée !
Dans ces moments trop courts, qu'il est doux de revoir,
À la pâle clarté de la lampe du soir,
Près du foyer paisible où la flamme pétille,
Cette moitié de vous qu’on nomme : la famille…
Que le nom de l’absent est souvent prononcé !
Comme on parle de lui ! Lorsque le vent glacé
Vient tristement pleurer le long de la fenêtre,
On se dit l’un à l’autre : « Où donc peut-il bien être ?
« Dort-il ? Est-il debout ? A-t-il froid ? A-t-il faim ? »
Et c’est un long souci qui jamais ne prend fin…



Tel était le tableau qui me venait à l’âme.
J’oubliais tout : le sang, et le fer, et la flamme,
Et l’ennemi vainqueur, et la guerre, et l’effort
De la France envahie, et le deuil, et la mort.
J’en étais revenu, porté par ma pensée,