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Cette humble fleur des champs cueillie à mon adresse
Avec une naïve et vibrante allégresse,
Je la conserverai comme un rare trésor.
Regarde : je le mets, ton petit bouton d’or,
Dans les feuillets d’un livre aimé : qu’il y repose
Comme une délicate et périssable chose,
Mais dont le souvenir ne se fanera pas…
Et, pour finir, enfant, je t’avouerai tout bas
Que, de tout mon vieux cœur frémissant, je t’envie,
Et que je donnerais le reste de ma vie
Pour entendre à nouveau les heures de jadis,
Redevenir soldat comme en soixante-dix,
Et, bravant les hasards d’une balle ennemie,
Rimer des vers d’amour en l’honneur de ma mie !