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Ô jeunesse adorable ! ô courage charmant
De l’amour à la mort passant si crânement !
Ce gamin, retroussant sa naissante moustache,
Cher Cyrano, t’a pris un brin de ton panache !
Il aime… il est aimé… demain il peut mourir…
D’implacables obus sifflent, prêts à meurtrir
Sa chair tendre, et briser sa vie à peine éclose…
Qu’importe ! Il est Français : dédaigneux de la prose,
Il fait des vers, des vers d’amour ; il fait des vers
Près des cadavres noirs, aux crânes entr’ouverts ;
Des vers, dans la tranchée où le sang et la boue
Sous ses pieds douloureux sautent jusqu’à sa joue ;
Des vers, des vers coquets et sur un rythme gai ;
Des vers du bon vieux temps chantant : « ma mie, ô gué ! »
Des vers, qui sous le nez des Boches au teint blême,
Disent : « Je peux mourir… » aussi bien que : « Je t’aime ! »



Brave petit poilu, — puisqu’on les nomme ainsi, —
Pour ta lettre et tes vers reçois un grand merci !