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Elle lui plut pourtant, car, « par reconnaissance »,
M’écrit-il, il m’envoie un poème, à son tour.
Ouvrier ciseleur, voulant parler d’amour
À quelque blonde amie, il cisela… des rimes.
« Lisez mes vers, monsieur : ils ne sont pas sublimes ;
» Mais ils m’ont donné bien de la peine, entre nous…
» J’y joins un bouton d’or que j’ai cueilli pour vous
» Ce matin, dans le pré bordant notre tranchée… »



Ah ! que sincèrement mon âme fut touchée
Par cette jeune lettre, et quel émoi profond !
Je lus les vers, des vers sincères, tels qu’en font
Les simples, ignorants de la règle imposée,
Mais dont l’âme a souvent des fraîcheurs de rosée.
Cela parlait d’azur, de ciel… comme toujours…
Mais, à la fin, ces mots héroïquement courts :
— « Pense à moi si je meurs… Je garde l’espérance
» De te revoir… Donne tes yeux… Vive la France ! »