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A fait bouffer, avec une adresse de fée…
« Mon voile était mal mis… que je suis décoiffée !… »
Et vite, en un clin d’œil, le frison alourdi
Ou poignant vers le ciel d’un élan trop hardi,
Ainsi qu’un ruisselet qui se fond dans un fleuve,
Rentre à l’alignement, assagi par l’épreuve.

En avez-vous fini, madame ?… Oh ! pas encor !
Il faut bien ajuster le lourd bracelet d’or ;
Voir si le haut collier de perles opalines
Retombe sur le col en cascades câlines ;
S’assurer que le jeu de l’éventail léger
Autour d’un fin poignet s’exerce sans danger ;
Sous les seins arrondis, sur la hanche qui ploie,
Vérifier l’aplomb du corsage de soie ;
Enlever de la lèvre un atome de fard,
Adoucir le sourire, aiguiser le regard…
Puis, sûre d’être belle, enviée, adulée,
Victorieusement entrer dans la mêlée !