Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

JEANNE, tricotant.

Regarde, chère sœur !C’est aujourd’hui Noël !

JEAN, rêveur.

Noël !… Quels souvenirs !… Que de choses passées
Depuis lors !… Soixante ans ! Tout change : les pensées
Seules, dans ce jardin desséché d’ici-bas,
Restent fraîches toujours… et ne se fanent pas !

Laissant tomber sa tête sur sa poitrine.
Noël !
JEANNE

Noël !Te souvient-il de ta grosse colère
Contre un pauvre cheval qui ne sut point te plaire ?

JEAN

Et toi de ton bonheur, alors que tu reçus
Une grande poupée avec de l’or dessus ?

JEANNE

Tu voulais m’empêcher de causer avec elle ;
Tu la prétendais bête autant qu’elle était belle…