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De grands souffles d’air, caresse bourrue,
Jusqu’aux coins ombreux s’allongent parfois,
Apportant l’odeur vague de la rue

En pavé de bois.


Sur tous ces forçats du plaisir sans trêve,
Flotte un spleen discret, correct et profond ;
Leurs regards éteints, sans flamme et sans rêve,

Montent au plafond.


Le vague dégoût des robes froissées,
Et du compliment banal et pareil,
Embrume les yeux des femmes, bercées

D’un demi-sommeil.


Les hommes, lassés des cravates mises,
Étouffent parfois un bâillement sourd,
Et, sur le plastron luisant des chemises,

Pleure un ennui lourd…