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reste pas le seul qu’ait imité le poëte espagnol, et l’incident de l’échiquier, qui se retrouve dans plusieurs chansons françaises, est un lieu commun de la littérature du moyen-âge[1]. Quant à la troisième romance, bien qu’elle n’ait que très-indirectement rapport avec l’Aiol français, nous en avons donné néanmoins une courte analyse, parce qu’elle nous a paru intéressante à deux points de vue, d’abord en mettant en scène Guiomar, la Sarrasine, qui est bien certainement une copie de Mirabel ; ensuite en nous apprenant que Montesinos est le neveu de Charlemagne, parenté qu’Aiol possède vis-à-vis de Louis le Pieux.

M. de Puymaigre cite[2], parmi les héros des anciennes romances espagnoles n’appartenant pas à nos chansons de geste, Grimaltos et Montesinos ; il ajoute plus loin : « Dans quelques chants espagnols, un certain don Tomillas est une copie évidente de Gannelon, et Montesinos offre plusieurs traits de ressemblance avec Roland ou Renaud. Les circonstances qui accompagnent la naissance de Montesinos sont une imitation de ce que nos romans disent de l’enfance de Roland. » Si M. de Puymaigre eût connu

    Quiera el niño bautizar.
    — Pláceme, dijo, de grado ;
     ; Mas cómo le llamarán ?
    — Como quisiéredes, padre,
    El nombre le podréis dar.
    — Pues nació en ásperos montes
    Montesinos le dirán.
    (Prim. y flor, II, 266.)

  1. Cf. la mort de Baudouinet dans Ogier le Danois et celle de Bertholai dans Renaut de Montauban.
  2. Dans son ouvrage sur Les vieux auteurs castillans, II, 303. — Le même auteur a donné dans le même ouvrage (II, 303-5) une analyse très-succincte des trois romances espagnoles que nous venons de parcourir.