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Nous retrouvons en effet dans ces vers l’explication que nous avait déjà donnée Andrea de ce surnom d’Ajolpho (voy. p. xl, note 3). Ici, comme dans la prose, il s’agit d’une peau de mouton servant de vêtement au héros du poëme ; nous savons d’autre part que ce détail n’existe pas dans l’Aiol français : la parenté des deux poëmes est donc bien établie. Mais, nous le répétons, l’imitation est loin d’être partout aussi visible, et, au milieu de tous les noms inconnus et de tous les épisodes nouveaux dont le poëte a surchargé son œuvre, dans ce chaos d’aventures sans fin qui s’enchevêtrent les unes dans les autres, on a quelque peine à reconnaître la version italienne d’Andrea, qui, lui déjà, avait, selon son habitude, remanié du tout au tout son original.


Espagne. — Nos cantares de gesta étaient connus en Espagne dès le xiiie siècle et les juglares cherchaient volontiers dans les romances du cycle carolingien les sujets de leurs romances.

Notre chanson, dont une partie de l’action se passe dans le midi de la France et même en Espagne, dont la célébrité au moyen-âge fut très-grande, était de celles qui devaient tenter les poëtes espagnols. En effet un héros des romances d’Espagne, Montesinos, chevalier de grand courage et de grand renom, se trouve, dans les circonstances de sa naissance, dans les aventures de sa vie, avoir de grands rapports avec notre Aiol.

Parmi les six romances de Montesinos que donnent MM. Wolf et Hofmann dans leur recueil (Primavera y flor de Romances, Berlin, 1856, 2 vol. in-8o), il en est deux qui sont des imitations directes de notre chanson, et