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de Salonique, ce qui nous reporte à la dernière partie de notre chanson.

De la lecture de ces fragments, de leur comparaison avec le texte français, il résulte clairement que l’auteur néerlandais a imité le texte français qu’il avait sous les yeux, et cette imitation a été évidemment faite sur un ms. français très-proche parent de celui que nous avons encore, puisque nous trouvons dans le néerlandais les lacunes évidentes du poëme français corrigées tant bien que mal (cf. le travail de M. Bormans, p. 16 ss.) ; c’est ainsi qu’après le v. 6993, le scribe ayant passé quelques vers relatifs à Marchegai, le remanieur néerlandais change le sens du passage pour le rendre intelligible.

Ce fait suffit pour constater la source de l’imitation, et c’est le seul point qui soit intéressant pour nous[1]. M. Bormans croit devoir placer la date de ce poëme néerlandais dans le premier quart du xiiie siècle (p. 13). Bien que l’écriture du fac-simile donné par lui nous semble un peu moins ancienne, nous nous rangeons facilement à cette opinion qui s’accorde parfaitement avec la date que nous avons assignée au remaniement en vers dodécasyllabiques (entre 1205 et 1215). Quant à la valeur littéraire de cette imitation, il nous est assez difficile d’en juger en pleine connaissance de cause ; nous ne pouvons que citer l’opinion de M. Bormans (p, 8), qui la considère comme « fort au-dessus du médiocre ».

  1. Quant à la question de savoir dans quel intérêt le compilateur néerlandais a fait son poëme, s’il lui a été commandé par quelque noble du pays de Loz, de Bergh, de Juliers ou de Clèves, afin d’augmenter sa gloire généalogique, elle a peu d’importance pour nous.