Page:Normand - Aiol.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxij
aiol

çales perdues[1], nous semble inadmissible. Un des principaux arguments de Fauriel en faveur de sa thèse est l’allusion faite au héros du poëme dans un Ensenhamen de Guiraut de Cabrera, troubadour vivant à la fin du xiie siècle. Parlant de plusieurs chansons, le poète nous dit :

Conte d’Arjus
Non sabes plus
Ni del reprojer de Marcon.
Ni sabs d’Aiolz
Com anet solz,
Ni de Makari lo felon,
Ni d’Anfelis,
Ni d’Anseis,
Ni de Guillelme lo baron...
(Bartsch, Chrest. prov., éd. 1868, p. 82.)

Rien ne prouve ici que Guiraut fasse allusion à un poëme provençal, et sans aller aussi loin que M. L. Gautier (Ép. fr., I, 106) et vouloir supposer une cantilène d’Aiol antérieure à la chanson, nous croyons que Guiraut de Cabrera citait la chanson française à côté d’autres aussi qui ne semblent pas avoir existé en provençal. Une nouvelle allusion à l’Aiol se rencontre du reste dans un autre troubadour ; mais, non plus que la précédente, elle ne nous démontre l’existence d’une chanson provençale ; ce passage, dont nous devons la communication à l’obligeance de M. P. Meyer, se trouve dans Raimbaut d’Orange, mort en 1173. Ce comte-poëte nous dit dans une chanson :

Soven pes c’aillor mi derga ;
E pois Amors ten sa verga

  1. Hist. de la poésie prov., III, 454.