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Tous ces vers ont-ils leur coupe après la 4e syllabe, contrairement à ce qui a lieu dans le reste de la chanson, ou bien doivent-ils être corrigés comme nous l’avons fait dans notre édition jusqu’au vers 2945 inclusivement ? Ni l’une ni l’autre de ces hypothèses ne nous satisfait maintenant, et nous pensons qu’ils doivent rester tels que nous les avons transcrits ici. Il faut alors adopter une autre coupe, que nous rencontrons souvent dans la poésie italienne, que de nos jours, en provençal moderne, Mistral a employée avec succès (Armana prouvençau, 1863, p. 36), mais dont l’ancienne littérature provençale ne nous offre aucun exemple : le repos en ce cas est toujours après la 6e syllabe accentuée, mais le second hémistiche commence par la dernière syllabe muette du mot précédent, comptant alors dans le vers pour une syllabe accentuée. On scandera donc de cette façon :

Si n’ai apris mes ar-mes a porter
Ja ne venra en te-re n’entre gent
Armes as tu molt boi-nes, molt m’agrée, etc.

Nous trouvons une preuve bien évidente que ces vers ne doivent pas être corrigés dans leur multiplicité ; il est impossible de supposer que le copiste se soit trompé si souvent ; de plus, il serait remarquable qu’il n’eût jamais commis d’erreurs que dans des vers où le 2e hémistiche peut commencer par la dernière syllabe muette du mot terminant le premier. Les vers suivants qui, eux aussi, ne sont pas pareils aux autres vers du poëme, et qui en outre ne sauraient être coupés après la 4esyllabe, apportent une preuve nouvelle à l’appui de ce que nous avançons ; ces vers, eux non plus, ne doivent pas être corrigés et se scandent ainsi :