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xv
aiol

Ne te couvient avoirnule doutanche.
Sains Nicolais pourcacheta delivranche.
Se tu l’as bien servide si a ore,
Ne te recroire mie,mais serf encore...


(Monmerqué et Fr. Michel, Th. fr. au moy.-âge, p. 199-200), et dans un certain nombre de romances françaises, celle entre autres commençant par ces vers :

Lou samedi a soirfat la semainne :
Gaiete et Oriour,serors germainnes...


(Bartsch, Chrest. de l’anc. fr., éd. 1866, 49) ; voy. aussi G. Paris, Ét. sur le rôle de l’acc. lat., 111-2.

On le voit, les exemples de ce rhythme sont rares ; faut-il pour cela, comme l’a pensé M. P. Meyer, en s’appuyant sur le fait que le Girart de Roussillon est antérieur aux autres poëmes, donner à cette forme de vers une origine méridionale ? La question a avancé depuis le jour où, en parlant de l’opinion qui attribue une origine méridionale au vers décasyllabique dont le repos est après la sixième syllabe, M. P. Meyer disait dans la Bibl. de l’Éc. des Chartes (XXII, 42) : « Cette opinion, toute probable qu’elle est..., peut être renversée par la découverte de quelque texte français écrit dans ce mètre et antérieur au Girart. » Aujourd’hui l’ancienneté constatée de ce rhythme en français comme en provençal ne permet guère de conclure en faveur de son origine méridionale.

Cette particularité du repos après la sixième syllabe dans le décasyllabe n’est pas la seule que nous ayons à remarquer dans l’Aiol : il en est une autre qu’il nous faut expliquer. Un certain nombre de vers décasyllabiques — nous ne nous occupons que de ceux-là — semblent au premier abord ne pas être coupés comme les autres et, au