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Poëmes, madrigaux, sonnets, chansons, aubades,
Étalent en plein jour leurs comparaisons fades,

Et leurs vieux oripeaux ternis ;

Bluets avec muets, caresse avec tendresse,
Vermeil avec soleil, maîtresse avec ivresse,

S’y font sans cesse vis-à-vis.


On y parle d’amour, de réveil, d’espérance ;
On fête, remplaçant l’éternelle souffrance,

L’éternelle félicité ;

On dit le nombre deux, les pures harmonies,
Les cœurs ivres d’azur et les âmes unies

Dans un univers enchanté.


Mais ceux que le malheur a touchés de son aile
Ne peuvent plus chérir cette saison nouvelle,

Ce printemps adoré de tous ;

Loin de le désirer, ils craignent sa venue,
Et préfèrent l’hiver, saison aride et nue,

Aux jours printaniers les plus doux.