Et courant à la porte : « Allons ! »
Marche insensée
Dans la nuit, dans le vent, sur la terre glacée !
Tous deux, fiévreusement, interrogeant les pas,
Nous allons, nous allons, courbés, ne parlant pas,
Mais sentant qu’à la fin de cette course ardente
Se prépare pour nous quelque horrible épouvante !
Les pas cessent soudain sur le bord d’un fossé :
Nous nous penchons : horreur ! Pierre est là, renversé,
Immobile, sanglant… Jeanne le prend, le presse,
L’appelle… vains efforts ! Inutile tendresse !
Le pauvre Pierre est mort, victime du devoir.
La justice a fait tout au monde pour savoir
Quels étaient les auteurs du guet-apens infâme.
On n’a rien découvert. Jeanne, la jeune femme,
A suivi de très-près son bien-aimé parti
Et mourut du malheur qu’elle avait pressenti.
Car, ajouta le vieux, tandis qu’un grand silence
Mystérieusement planait sur l’assistance,
Elle l’a vu venir ainsi que je vous voi.
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