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Était triste, rêveuse et soupirait tout bas.
Contre son habitude, elle ne riait pas,
Restait silencieuse et la tête baissée
Sous le poids importun d’une sombre pensée.
Quand Pierre doucement lui demandait : « Eh bien !
« Ma Jeanne, qu’as-tu donc ? » Elle répondait : « Rien ! »
Mais on devinait bien qu’elle avait quelque chose.
Moi, qui ne hais rien tant qu’une table morose,
Et prétends que le rire est le frère du vin,
Quand finit le souper, je pris mon verre en main,
Et le levant gaîment :
Et le levant gaîment : « À la santé de Pierre ! »
Pour trinquer avec moi tous deux lèvent leur verre…

Tout à coup, dans la nuit, du côté des grands bois,
Part un coup de fusil… et puis deux, et puis trois.
« Morbleu ! dit Jean, toujours ces braconniers du diable
Qui tirent mes faisans ! »
Qui tirent mes faisans ! »Et frappant sur la table
Avec son poing nerveux, il se lève d’un bond,
Siffle son vieux chien noir qui sommeillait en rond