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« Dis ! pendant ce bal, maussade cohue,
Qui m’a si longtemps séparé de toi,
Alors que j’étais si loin de ta vue,
Ton âme toujours était-elle à moi ?

« Dis ! quand un valseur — ô la jalousie ! —
De ton jeune sein pressait les contours,
À moi, qui voudrais te donner ma vie,
À moi, pensais-tu ? pensais-tu toujours ?

« Que je les maudis, ces heures cruelles,
Et ces gens guindés, à l’aspect moqueur,
Passants d’un instant, figures nouvelles,
Qui venaient frôler notre cher bonheur !

« Dans ces grands salons dont l’éclat m’irrite,
J’errais tristement, les esprits perdus,
Et mon cœur battait la moitié moins vite,
Depuis que le tien ne l’écoutait plus !